| | Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] | |
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Auteur | Message |
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Ciaran Tyler
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Localisation : Au travail ou chez moi. Je sors parfois boire un coup avec mes amis, aussi.^^ Emploi/loisirs : Je suis menuisier et quant à mes loisirs... Ce qui me plaît. Ce serait trop long de tout citer.u__u Humeur : De bonne humeur! Je serais prêt à repousser une armée en marche!==
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Sam 31 Déc 2011 - 2:36 | |
| « Je ne te fais pas confiance ! Moi, je ne sais pas où c’est, « la moitié », comme tu le dis si bien. Tu me feras marcher plus voire tout du long, parce que vous autres n’êtes que des fainéants et des menteurs remplis de jalousie qui ne pensent qu’à manger et ne savent même pas faire leur travail correctement. »
Ciaran se fit la remarque qu'il aurait du noter dans un petit carnet toutes les insultes que Morgan avait lancé aux manants, histoire d'avoir quelque chose à raconter à ses amis, au travail. Sans doute se seraient-ils esclaffés à la mention des porcs qu'ils étaient, se roulant dans la méchanceté et l'égoïsme à la place de la fange habituelle, malgré le fait qu'être comparés à des animaux aussi sales n'était guère valorisant. Ses amis avaient le sens de l'humour, et riraient de ces comparaisons plus qu'ils ne s'en offusqueraient. Morgan aurait-il, aurait-elle été capable d'en faire de même ? Ciaran n'avait jamais eu une opinion particulièrement négative des Nobles. Il savait faire la part des choses, adopter une vision plus objective du monde que bien d'autres. Mais là, sur le coup, il devait avouer qu'il commençait à leur en vouloir. Oh, juste un petit peu, rien de bien grave. Ils auraient tout de même pu inculquer à leur progéniture quelques valeurs nécessaires, dont la plus importante; Le respect d'autrui. Ce dont Morgan manquait clairement, à en juger par la manière dont-il s'adressait à lui et aux autres pauvres hères de cette ville. Plusieurs fois, Ciaran s'était juré qu'à la prochaine parole insultante, il remercierait la peste aux cheveux roses et tournerait les talons sans rien ajouter. Il se l'était juré tellement de fois ! Mais comme il n'avait pas un cœur de pierre et n'était pas un menteur, il n'avait pu s'y résoudre. Quel ange il était, vraiment. Une personne plus sévère ou susceptible aurait vite fait de le planter là.
Enfin. Le fait était que le 'menteur fainéant rempli de jalousie' n'allait pas laisser tomber la petite chose rose. Plutôt pas mal, pour un égoïste notoire, non ? Quant à la tromper sur la distance à parcourir, Ciaran y avait bien songé, mais n'avait pas trouvé ça très correct, au final. Quand il faisait une promesse, il la respectait, de peur d'être rongé par la culpabilité plus tard. Et se retourner dans son lit car il se sentait mal, ça ne le tentait curieusement pas. A côté de ça, porter la petite peste sur la distance annoncée était un mince prix pour la paix de son âme déjà assez torturée comme ça...
« Mais tu n’auras qu’à me porter sur la première, et t’estimer heureux que je t’accorde une concession aussi grande ! Et si je me rends compte que tu triches, je… »
Je... ? Hurle ? Me mets à pleurer ? Te dénonce à la garde ? Te fais pendre ? Ciaran savait les Nobles au dessus du peuple, mais pas au point de les faire arbitrairement pendre. Du moins, il l'avait toujours pensé depuis sa plus tendre enfance, et il n'avait pas envie de voir son hypothèse balayée alors qu'on lui passerait la corde autour du cou, sur un échafaud à l'abri des regards indiscrets, ou dans l'ombre d'une ruelle malfamée. Non, Ciaran désirait vivre encore longtemps, et se faire exécuter sous de fausses accusations était loin d'être une perspective qui l'enchantait. A qui cela aurait-il pu plaire ? Fixant la chose rose, il haussa un sourcil lorsqu'elle finit sa phrase, interloqué. Elle se débrouillerait pour qu'il ait des ennuies, hein ? Le jeune homme aux cheveux verts poussa un petit soupir, résigné. D'accord, ce n'était pas la peine de le menacer, il allait consentir à la porter sur la première moitié. Une petite voix dans sa tête lui hurlait de continuer à tenir tête à Morgan, dans l'espoir qu'il devienne un tant soi peu raisonnable. Mais tout son corps lui ordonnait d'aller se reposer, et il n'avait plus envie d'attendre. Au moins était-il parvenu à arriver à un compromis satisfaisant. C'était une petite victoire, aux yeux du menuisier fatigué.
« Bien... Je vous porterais la première moitié, alors. Mais seulement la première, hors de question que je le fasse sur la deuxième. Et vous pourrez gémir, je ne changerais pas d'avis. D'accord ? »
Autant clarifier la situation avant de se mettre en route. Ciaran avait opté pour un ton dur, afin d'être pris au sérieux par son capricieux interlocuteur: Il refuserait, au moment de le poser à terre, de faire ne serait-ce qu'un seul pas de plus avec lui sur le dos, et ce même s'il se mettait à crier ou geindre. Un marché était un marché, et pour qu'il soit honoré, il fallait que les deux parties suivent scrupuleusement les règles établies. Et ces règles, l'Esprit aux yeux couleur d'améthyste allait les établir, ici-même. Et Morgan, si elle ne s'y pliait pas, n'aurait qu'à courir pour le rattraper, car il commençait à en avoir sérieusement ras-le-bol.
[C'est une vraie plaie, ce chewing-gum rose. Je te jure!XD] |
| | | Morgan Yanaë
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Sam 21 Jan 2012 - 16:01 | |
| S’il pouvait être difficile de discerner le vrai du faux dans la palette variée d’expressions dont se parait Morgan, la sincérité de ce sourire-là n’était pas à remettre en cause : et pour un égoïste au sujet duquel mieux valait remettre en question le plus évident des axiomes, cette considération n’en était que plus étonnant. Agréable peut-être pour qui savait faire la différence, qu’en savait-il ? Et quelle importante, de toute manière ? Un poids, lourd, venait de quitter son cœur embarrassé et, l’étau finalement desserré, la petite peste s’accordait un bref moment de répit. Laissait ses préoccupations de côté, comme devaient parfois le faire les gens de sa qualité sans devoir en tirer quelque honte, et était tout à son soulagement soudain. Il n’aurait pas à trop marcher, enfin ! La nuit froide et dangereuse, sombre, il n’aurait guère à la passer dehors. Et un toit, fut-il au-dessus d’un immonde placard, d’un immonde bouge ou d’un galetas crasseux et pourri, valait mieux que le ciel. La lueur d’une chandelle, sa mèche noircie fut-elle rallumée de la veille et sa cire aux trois quarts fondue, offrait toujours plus de chaleur et de lumière que de trop lointaines étoiles, qui semblaient se moquer de vous du haut de leur perchoir d’encre. Yanaë n’en reléguait pas pour autant son honneur aux oubliettes : fourbu de courbatures pour avoir plié l’échine plus qu’à l’accoutumée en acceptant le stupide compromis d’un manant sans titre, il avait dû atténuer sa peine en ayant le « dernier mot » ; cela dit, l’affront n’en avait pas moins laissé une marque rouge dans son esprit –digne accompagnement du rouge de ses yeux encore humide de sa dernière frayeur– et, pour sûr, se rappellerait à son bon souvenir à un moment plus opportun.
Qu’aucun signe avant-coureur ne semblait pressé d’annoncer, du reste : c’était avec un sourire radieux qu’il avec accueillit ce qu’il se plut à appeler la « reddition » de Ciaran. Eh bien ! il avait vaincu, au final, ce sot s’était rendu compte de ce qu’il lui devait, au moins partiellement. Pas que cela améliorât d’un iota l’opinion du sang-bleu à l’égard de la fourmilière qui grouillait à ses pieds, bruyante, gênante, agaçante, un mal nécessaire dont pourtant il se serait allègrement épargné la vue fort peu ragoûtante –mais qu’est-ce qui avait bien pu le pousser à marcher parmi ces bouseux à la réflexion conditionnée si existante, ces animaux fangeux… ? Il se le demanda encore une fois, sans pousser plus avant le questionnement. A quoi bon ? Il était sauvé, c’était déjà une bonne chose de prise ! Dès lors, penser à ces inepties ne lui aurait rien apporté. Ce n’était pas le moment.
« Bien... Je vous porterais la première moitié, alors. Mais seulement la première, hors de question que je le fasse sur la deuxième. Et vous pourrez gémir, je ne changerais pas d'avis. D'accord ? »
Morgan hocha énergiquement la tête, l’air presque d’un enfant de chœur une fois départi de son sourire hautain et de ses manières arrogantes, sans fomenter de plan tordu et profondément mauvais. Autant qu’il acquiesça toutefois, cet assentiment précipité était aussi vite accordé qu’envolé, bien malheureusement pour son vis-à-vis déjà éreinté par sa dure journée de labeur. Nul doute que le moment venu, non seulement il gémirait, mais il pleurerait peut-être un peu, se plaindrait beaucoup et taperait du pied pour obtenir de ce va-nu-pieds qu’il le porte sur la deuxième moitié –puisqu’il en était capable, ce bougre d’idiot, Yanaë en restait intimement persuadé !
Cet accord serait valable jusqu’à ce qu’il doive poser un pied au sol avant de devenir tout bonnement caduque ; et sa bonne volonté avait des limites. Ici atteintes…, à la moitié du chemin qu’il aurait à parcourir.
« D’accord, je ne crierais pas ! Même si ce n’est absolument pas digne d’une personne de ma qualité, se sentit-il comme obligé de souligner une énième fois, de marcher. »
A l’en écouter, il n’aurait eu à faire que ce dont il avait envie ; le reste était d’emblée jeté sur ce tas aux allures de montagne que Yanaë construisait chaque jour avec méticulosité et entrain. Son nom lui servait de joint pour faire tenir cette tour, de justification, d’excuse à tout, de Sésame irrécusable. Un superbe piédestal dont il usait et abusait ; qu’en aurait dit son père ? Sans doute que s’il n’avait eu cette fâcheuse tendance à n’écouter les conseils paternels qu’en présence de celui-ci, Morgan eût été bien moins insupportable. En dépit de ses quinze ans révolus, il se comportait encore comme le dernier des enfants trop gâté, incapable de relativiser, de prendre les choses avec philosophie, d’avancer à pas sûr vers un comportement un peu plus adulte et tolérant, enfin. Ciaran eût-il été doté de ce même entêtement entaché d’une fierté mal placée qu’ils auraient mis bien du temps à se sortir d’une pareille situation ! |
| | | Ciaran Tyler
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Dim 19 Fév 2012 - 1:45 | |
| Ciaran senti un pointe de soulagement lui picoter le cœur quand Morgan acquiesça énergiquement à sa condition, mais à ce soulagement se mêlait une sorte de crainte et de lassitude. Ce sale garnement pouvait lui assurer qu'il serait sage maintenant, ça ne voulait en aucun cas dire qu'il tiendrait sa promesse. C'était une chose que Ciaran détestait chez les enfants, ne pas savoir tenir ses promesses. Ou plutôt, astucieusement oublier qu'on en avait faite une. C'était pratique, n'est-ce pas ? Quand on fixait l'adulte avec de grands yeux faussement étonnés et emplis d'innocence, tout en soutenant que jamais de sa vie on avait promit une telle chose. Les plus honnêtes ne tentaient pas le diable, mais les mal élevés, ça devait y aller, et sans aucun remords en plus de ça ! Non, mais vraiment. Si Ciaran était parti de chez lui, ça avait surtout été pour ne pas avoir à s'occuper d'un enfant, ce qu'il ne serait pas parvenu à faire dans une période aussi délicate de sa vie. Mais voilà que le ciel, d'humeur généreuse ce soir là, lui envoyait un chérubin qu'il devait héberger sous peine de se faire rattraper par sa culpabilité. C'était vraiment 'pas de chance', lui auraient dit certains de ses amis sans en penser un traître mot. Évidemment, eux, ça les aurait bien amusé, de le voir dans une telle situation ! Mais en tant que pauvre pion manipulé par la main du maître du jeu, Ciaran ne se gaussait pas le moins du monde. Pourtant, il aurait du s'estimer heureux que Morgan ne lui oppose pas plus de résistance. Cette petite chose rose avait même l'air satisfaite, et s'ils ne s'étaient pas disputés avant, Ciaran aurait pu penser qu'elle était une charmante enfant. Comme les apparences étaient trompeuses ! Le menuisier aux cheveux verts se promit de garder cela en tête la prochaine fois qu'il devrait parler à un enfant. Savait-on jamais... Au cas où l'on aurait voulu l'exploiter de nouveau.
Avec un peu de chance, se prit-il à espérer, Morgan trouverait son chez-lui trop petit pour qu'il daigne y passer la nuit. Il y avait sûrement de bonnes auberges à Jiang-Zemin, qui n'étaient pas fréquentées par de la canaille. Des auberges aux chambres plus spacieuses que la petite pièce dans laquelle se trouvait son lit... Si la jeune personne qui insistait pour être portée jusqu'à chez lui était habituée aux lits à baldaquin moelleux, elle risquait d'être déçue. Encore une fois, Ciaran se demanda s'il aurait la patience nécessaire pour faire face aux critiques qui ne manqueraient pas de fuser sur sa modeste habitation.
« D’accord, je ne crierais pas ! Même si ce n’est absolument pas digne d’une personne de ma qualité, de marcher. »
L'Esprit aux yeux violets se contenta de hocher la tête, comme s'il corroborait aux paroles de son presque semblable. Oui, bien sûr, les pavés de la rue n'étaient pas dignes qu'il pose son noble pied sur leur surface dure et froide. Il se retint de lui demander, alors, pourquoi diable était-il sorti en ville ? Puisqu'il semblait évident, à l'entendre parler, qu'il méprisait au plus haut point la populace qui y logeait. Il n'avait qu'à rester au château et se promener à travers les couloirs, il devait y en avoir assez pour occuper un après-midi entier. Mais puisqu'il était là et n'avait nulle part où passer la nuit, il n'y avait pas grand chose que Ciaran pouvait faire, autre que tenir parole. Il n'était ni très courageux ni très doué en quoi que ce soit, alors il voulait au moins être une personne sur laquelle on pouvait compter. Et ce bien que l'abandonner là était une très séduisante idée. Au fond, ce n'était qu'un enfant, un enfant mal élevé et égocentrique certes, mais un enfant. Le laisser là seul alors que la nuit tombait peu à peu sur la ville, réveillant les bandits et autres gens peu recommandables... Il s'en serait voulu.
Ciaran haussa les épaules, laissant un petit sourire étirer ses lèvres. Il tendit le bras et tapota la tête de Morgan, se fichant bien de ce que le plus jeune allait en penser. Il savait que la petite chose était Noble et tout le tralala, mais pour l'instant, elle était surtout un enfant égaré sous sa protection, qu'il consentait à porter la moitié du chemin et héberger chez lui. Elle lui devait bien cette petite familiarité. Il retira sa main, et croisa les bras.
« J'espère que vous dites vrai, car je ne céderais pas à un nouveau caprice, fit-il sur un ton calme mais malgré tout ferme. Alors vous allez me le promettre, n'est-ce pas ? »
Ou sinon, il pouvait toujours dormir dehors. Ciaran savait que même s'il recommençait à crier il ne le laisserait pas seul: Mais ça le rassurait de se dire que si la petite chose manquait à sa parole, il la punirait. Ça le rassurait de se dire qu'il était capable de prendre des décisions sans penser mal faire et se rétracter la seconde d'après.
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| | | Morgan Yanaë
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Dim 8 Avr 2012 - 18:22 | |
| Lorsque Ciaran posa sa main sur sa tête en un geste qui, supposa-t-elle, se voulait rassurant, Morgan tressaillit. Quel comble ! Pourquoi diantre fallait-il que, chaque fois que son honneur blessé se retirait panser ses cruelles, douloureuses blessures, l’on vint lui en asséner une plus violente encore que les précédentes ? Elle était belle, aussi forte qu’elle était grande, son impétueuse fierté ; mais elle avait bien de la peine à se défendre à cet instant. Comment aurait-elle pu ne pas expirer quand un vulgaire manant touchait de ses horribles mains crasseuses, calleuses à coup sûr, aux ongles tantôt trop courts, tantôt trop longs au gré des aléas de son travail, ses longs cheveux soyeux parfumés des plus délicates huiles ? La profonde injustice de la situation ainsi que son caractère d’un grotesque à en pleurer la frappèrent tout d’un coup comme une gifle et la petite se mordit l’intérieur des joues, tout à sa volonté de ne pas déclencher un nouvel esclandre qui ne lui aurait rien apporté de bon en l’état. Comme une grande personne, elle allait supporter cette énième humiliation que lui infligeait à dessein son interlocuteur, retournant la situation à son avantage –ou à tout le moins le croyait-elle.
S’il avait su toutes les bonnes manières qui lui faisaient défaut, ah ! le pauvre en aurait sûrement pleuré de honte, du moins, si l’on prenait pour acquis que les petites gens avaient la moindre conscience de l’importance de la bienséance en société. Ce n’est, songea Yanaë, pas garanti, avec ces abrutis congénitaux, ces vaches ignorantes. Pourtant, si ce n’avait été pour tous ces manquements à l’étiquette, répétés encore et encore, Ciaran aurait presque fait office d’individu presque convenable dans cette fourmilière presque supportable qui agaçait tant Morgan. Décidée à ne pas lui donner raison en se mettant à hurler et pleurnicher sur « cet inénarrable affront » qu’il venait de commettre à son endroit, Morgan adressa à son vis-à-vis un sourire figé dégoulinant de ce que ce bas monde avait de pire en matière de répugnance. Une nouvelle vague de soulagement la submergea lorsque l’impertinent retira son horrible main pour croiser les bras. Elle, avait le droit de le toucher comme bon lui semblait, il s’agissait là de la moindre des choses. Mais lui ! Morgan chassa en une seconde le sentiment lancinant de colère qui la tenaillait ces dernières interminables secondes et écouta l’insolent imbécile d’une oreille attentive et moins contrariée :
« J'espère que vous dites vrai, car je ne céderais pas à un nouveau caprice. Alors vous allez me le promettre, n'est-ce pas ? »
Une pointe d’agacement vrilla derechef l’orgueil à l’agonie de la petite aristocrate. Oh, par pitié, mais par pitié si la logique refusait d’entendre ses prières, ne pouvait-il pas se taire et faire ce qu’on lui ordonnait de faire comme un gentil petit chien une malheureuse fois dans son insignifiante vie ? Ne pouvait-il pas lui épargner de telles absurdités ? Des promesses ? Comme s’il pouvait s’offrir le luxe d’en exiger d’elle, plus que de tout autre ! La peste grimaça cependant que la désagréable Pensée se frayait un chemin jusqu’à son cerveau : oui, il pouvait. Car il disposait d’une richesse généralement prohibée aux personnes de son rang : un instrument de chantage conjugué à une évidente absence d’honneur, cette fois-ci inhérente à leur méprisable classe. Si elle ne faisait pas ce qu’il disait, elle se retrouverait bonne pour rester encore dehors ou pour marcher tout le long de la route. Or, entre une moitié et la totalité, le calcul était rudimentaire et son choix allait de lui-même.
Quant à ce qu’il ne cèderait pas à un nouveau caprice, cela laissait la jeune demoiselle pantoise. Eh bien quoi ? Avait-il accédé à la plus petite de ses requêtes, la plus innocentes de ses demandes depuis qu’elle avait daigné lui répondre ? Non ! Pas une fois ! Alors d’où tirait-il l’idée saugrenue de ne pas continuer, puisqu’il n’avait pas même commencé ? Dédaignant toute réflexion plus profonde, éreintée et toujours un peu paniquée, Morgan hocha à nouveau la tête, avec peut-être un peu moins de vigueur. Pour ce que cela changeait, Ciaran aurait tout aussi bien pu se passer d’une promesse et de toute cette mise en scène qui ne faisait qu’accentuer encore son retard à elle, et exacerbait sa fatigue après une si longue journée !
« Tu ne mérites pas que je promette quoi que ce soit, manant. Mais, lâcha-t-elle avec un haussement d’épaule, je vais t’en faire cadeau malgré tout, parce que tu m'agaces avec tes idioties. Si ça peut te faire plaisir et te faire taire... »
Promesse ou pas promesse, son opinion était faite. Et si à ce moment elle ne songeait guère à se mettre à trépigner, il ne faisait pas de doute que le fatidique instant venu elle n’y manquerait pas, sans plus se soucier de mots qu’elle aurait jeté plus tôt sans y mettre de cœur, sans y mettre d’importance ou de symbolique. Des lettres mal assemblées formaient un mot qui, à l’écoute, ne serait sûrement pas si laid et ne blesserait personne ? Eh bien quoi, aurait-elle dû se sentir liée à lui d’aucune façon, aurait-elle dû se sentir obligée de quelque sorte que ce fut ? Quoi qu’il en soit, on ne changeait pas une personne dans ses fondements les plus basiques en une seconde ; un serment qui roulerait sur ses lèvres fines restait aux yeux aveugles de la fillette aussi contraignants que le vent qui soufflait sur son blanc visage d'enfant.
« Je promets, reprit-elle d’un ton qui mêlait habilement ennui et emphase, que je ne le ferais pas. Mais alors, dépêche-toi un peu, j’en ai assez d’être debout ! »
Qui avait obtenu la promesse pouvait toujours chercher ailleurs son « s’il te plait ». |
| | | Ciaran Tyler
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Mar 8 Mai 2012 - 16:46 | |
| Ciaran se forçait à garder patience en songeant que bientôt, il pourrait se reposer et sombrer dans un sommeil sans rêves ni cauchemars. Le jeune homme aimait bien dormir d'une traite, sans être dérangé par d'improbables ou désagréables songes. Chanceux comme il était, il cauchemardait de toute façon plus qu'il ne rêvait, la faute à son quotidien parfois bien trop stressant. Donc un grand vide pendant sept ou huit heures, c'était parfait. Enfin, ça, c'était si la petite chose qu'il allait devoir ramener chez lui voulait bien rester tranquille et se taire. Car si elle comptait se plaindre toute la nuit, il était possible qu'il ne le supporte pas et finisse par l'attacher avant de la jeter dans un placard pour avoir la paix. Ciaran se savait capable de grandes choses lorsqu'il était énervé ou fatigué, particulièrement de grandes choses bien stupides et regrettables. Il n'avait encore jamais ligoté quelqu'un sous le coup d'une terrible impulsion, mais savait-on jamais, rien ne lui disait que ça n'arriverait jamais ! Voilà pourquoi le jeune homme aux yeux violets était certain de faire un mauvais père. Aucune patience, il s'emportait trop vite... Il n'avait aucune envie de traumatiser ses enfants en les poussant trop brusquement dans un petit réduis noir. Peut-être était-ce une sorte de punition, songea-t-il en regardant la mine crispé de son petit interlocuteur, pour qu'il puisse tester la solidité de ses limites, qui pour l'instant, semblaient être faites de branlantes planches de bois. Pour un menuisier, c'était un comble, vraiment, non ?
Morgan hocha la tête, moins énergiquement que Ciaran l'aurait souhaité, mais au moins n'avait-il pas de nouveau élevé la voix pour lui imposer une sonore protestation. Restait à savoir maintenant si cette promesse allait tenir la route ou s'envoler telle une plume soufflée par le vent à la moindre occasion. Ciaran savait bien que rompre une promesse était mal, mais il l'avait déjà fait. Il entretenait beaucoup de remords à cause de ça, mais certaines personnes ne se gênaient pas pour allégrement briser des serments. Des personnes pour qui le mot 'promesse' n'avait qu'une connotation vide et dénuée de sens. C'était aberrant aux yeux du menuisier aux cheveux verts, mais il savait à quoi s'en tenir tout de même. Au moins, si la crise menaçait de pointe le bout de son nez au moment venu, il aurait un argument pour la faire cesser. Ou tenter. C'était toujours mieux que de rien savoir rétorquer et obéir sans émettre la moindre protestation. Ciaran avait sa petite fierté malgré tout, et n'aimait guère être traité comme un serviteur ou un chien sans pouvoir rien y redire.
« Tu ne mérites pas que je promette quoi que ce soit, manant. Mais je vais t’en faire cadeau malgré tout, parce que tu m'agaces avec tes idioties. Si ça peut te faire plaisir et te faire taire... »
Qui avait besoin de se taire, ici ? Pensa Ciaran, vaguement exaspéré, mais silencieux et souriant en apparence. Si l'un d'eux devait avoir les oreilles cassé et la patience à vif, c'était bien lui, et non son riche vis-à-vis égocentrique et capricieux. Essayer de lui faire entendre raison n'aurait servit à rien, cependant, et ne désirant guère rallumer un débat, Ciaran n'en fit pas le commentaire à voix haute. Il se contenta de l'écouter reprendre, après quoi il haussa les épaules, l'air satisfait. Bien, il avait promit à voix haute ! Il marcherait donc sans protester la deuxième moitié du chemin, c'était un marché acquis. Et s'il rompait la promesse qu'il lui avait faite, Ciaran ne se gênerait pas pour rompre la sienne. En tout cas, c'était ce qu'il lui dirait. De là à le faire réellement, il y avait de la marge, mais tout était une question d'intimidation. N'importe qui connaissant un minimum Ciaran savait que l'Esprit aux yeux d'améthyste détestait se battre. Il avait la violence en horreur, et s'il n'aimait pas non plus les joutes verbales, il les préférait aux altercations physiques ou magiques. Pourquoi tout le monde ne s'entendait pas, sur cette terre, lui arrivait-il souvent de penser, au désespoir ? Pourquoi la discussion n'était-elle pas plus mise à contribution ?
Car il y croyait, et fortement encore, qu'elle aurait arrangé bien des choses. Mieux que les coups ou les injures, c'était certain. En s'asseyant et parlementant, on pouvait arriver à tant de beaux résultats... Mais venant d'un homme qui avait préféré la fuite à la discussion, cela semblait sans doute hypocrite. Ah, le jeune Esprit savait bien qu'il n'était pour sa part capable que de belles paroles, il ne se défendait pas du contraire. Lâche était un mot qui lui allait à merveille.
« Bien, alors j'imagine qu'on peut y aller, fit-il avec un petit hochement de tête, j'ai hâte de rentrer. »
Et comment ! Il n'avait qu'une envie, c'était s'écrouler sur n'importe quelle surface plus ou moins accueillante et dormir. Manger, il pouvait s'en passer, il n'avalait de toute manière presque rien d'ordinaire, sauter un repas n'allait pas lui faire de mal (enfin, si, mais ça il faisait de son mieux pour l'ignorer superbement). Avec un petit soupir, Ciaran se tourna et mit un genoux à terre pour présenter son dos à Morgan. Il avait bien pensé à jeter la petite chose sur son épaule, mais bizarrement, il doutait que ça lui plaise en plus de ne pas être sûr d'y arriver. Il allait éviter de s'écrouler à terre dès le début, hein...
« Allez, on se dépêche. »Fit-il sans grande méchanceté, simplement pressé de rentrer. Ce que son lit pouvait lui manquer, ces dernières minutes !
[Done.~] |
| | | Morgan Yanaë
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Inscrit depuis le : 27/09/2009 Esprit, Noble
| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Dim 24 Juin 2012 - 18:10 | |
| Oh, qu’il se taise et obéisse, oui. Quelle belle perspective ! Elle miroitait devant les yeux aveugles de Morgan et s’imposait comme seul moyen de ménager sa pauvre fierté par trop souvent blessée au court de ce ridicule entretient. Qui jamais n’avait eu lieu d’être ! Vraiment, pourquoi cet imbécile de philistin s’acharnait-il à contredire ses ordres pourtant si clairs ? Limpides ! Et d’une simplicité à en faire pleurer une pierre ; l’excuse d’un intellect limité tant par le marécage boueux de sa naissance que par le désert de son éducation –puisque les deux, dans ces rues, allaient de pair– était donc bonne à jeter, caduque. La petite peste n’avait aucune envie de passer son temps à chercher des explications qui à coup sûr ne viendraient pas : comment après tout, un esprit aussi élevé et sophistiqué, riche et nuancé que le sien aurait-il pu comprendre la brutalité et la logique de ces cerveaux sourds, la violence de ces couleurs ? S’abaisser, il pouvait le faire si l’envie lui en prenait, se répétait-il parfois au besoin. Mais pas aussi bas, cela non ! D’un point de vue physique, quelque chose devait l’en garder. La noblesse de son sang, les valeurs qui lui avaient été inculquées ne le permettaient pas et il ne s’agissait pas là de règles à allègrement enfreindre pour son bon plaisir. Que Yanaë le reconnût avait déjà sa part d’étrangeté. Qu’il l’acceptât sans sourciller en avait encore une autre.
Qu’importait, au fond ! Il désirait seulement faire cesser ces palabres navrantes ; il promettait ceci, et puis il devait dire cela, et cela encore, et ceci ! Pour peu que Ciaran y eût mis les formes, il n’aurait eu grand peine à faire raconter, à peu de choses près, n’importe quoi à son vis-à-vis dont la patience, farouche, s’échappait à la moindre contrariété. Pour ne reparaître que lorsque sa présence ne serait plus utile à qui que ce fut, faire acte de présence dès qu’elle n’était plus sollicitée. La perspective de passer la nuit dans le sombre bouge que devait être le placard de ce manant ne lui semblait plus si atroce et le gamin ne s’y attardait pas. Eh bien soit ! Ce n’était pas la rue, tout de même ! Et il pourrait sans risque s’asseoir, se reposer, se sentir mieux enfin. Incapable de positiver plus que ce n’était déjà le cas, il ne s’avança pas à se représenter la « maison » en question : l’idée qu’il s’en faisait, vague, floue, brouillonne, n’impliquait aucun des clichés dont il aurait sans cela bâti la bâtisse en guise de pierres, avec pour joint la morgue dont il ne se départait pas même en pleurant. « Bien, alors j'imagine qu'on peut y aller, j'ai hâte de rentrer. »Morgan eut un haut-le-cœur avant d’être submergé par une vague d’incommensurable fatigue. Ou ce qui du moins s’en donnait l’air, exaspération à peine déguisée. Oh, mais ce que ce primate mono-neuronal pouvait être contradictoire ! Qui ne demandait, depuis trop longtemps déjà, qu’à se mettre en chemin pour reposer ses pauvres jambes fatiguées par la marche sur les pavés irréguliers de cette ville salie par ces porcs incapable du moindre égard à son endroit ? Qui ? Lui, bien sûr ! Et qui s’y était farouchement opposé, exigeant des promesses et autres compromis ridicules ? Ciaran ! Aussi paradoxal que cela semblât, cet imbécile était pourtant en train de se plaindre. De ses propres erreurs ! Comme si ce retard n’avait pas été de son propre fait ! Médusé, le petit sang-bleu fit un instant la moue, puis secoua la tête : ce n’était pas le moment d’y penser !
Quoique de dos, Ciaran ne put en être témoin, un sourire radieux vint éclairer les traits enfantins de Morgan en dépit de sa proverbiale mauvaise humeur en jetant ses bras autour du cou de son interlocuteur. Un peu plus, se jura-t-il, et ses jambes ne l’auraient plus porté. La taille fine, le buste encore étroit, Yanaë n’était, pour ses quinze ans révolus, pas bien grand. Il lui fallait reconnaitre qu’en cette situation encore il n’avait guère à vraiment s’en plaindre : si ce va-nu-pieds était frappé d’un soudain éclair de lucidité, il ne le reposerait à terre qu’à côté d’un canapé et de coussins de soie –d’un canapé simplement, ou d’une chaise faute de mieux, qu’attendre, en matière de raffinement, de ces brutes épaisses aux mains calleuses ? Jugeant s’être bien assez dépêché ces derniers temps, Morgan fut pris de l’envie d’étrangler ce succédané d’Homme mais le soulagement et le sourire, une fois n’est pas coutume, l’emportèrent. Eh bien qu’il aille au diable, l’insigne honneur de son nom et sa fortune lui laissaient bien le droit de trainer à son bon vouloir ! Seulement, lui aussi avait hâte de rentrer « à la maison », quelque part. Leurs intérêts coïncidaient, certes oui : mais cela ne voulait absolument pas dire qu’il fît le moindre cas de ceux de son malheureux porteur. Qui pouvait du reste s’estimer heureux de sa chance. « Eh, tu fais attention, par contre ! Et puis ça ne signifie pas que tu peux te permettre des familiarités avec moi. Même pas en pensées », ajouta-t-il avec ce même ton condescendant.Il fronça les sourcils, une question déplaisante s’étant frayé un chemin jusqu’à son sourire pour en faner les commissures :« Dis, tu vis tout seul au moins ? » |
| | | Ciaran Tyler
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Localisation : Au travail ou chez moi. Je sors parfois boire un coup avec mes amis, aussi.^^ Emploi/loisirs : Je suis menuisier et quant à mes loisirs... Ce qui me plaît. Ce serait trop long de tout citer.u__u Humeur : De bonne humeur! Je serais prêt à repousser une armée en marche!==
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| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Dim 19 Aoû 2012 - 2:00 | |
| Ciaran se redressa doucement une fois que Morgan fut monté sur son dos; Il n'était pas question de se manger le sol avant même d'avoir commencé à marcher. L'avantage, se dit l'Esprit aux yeux violets, était que la jeune personne qui avait élue domicile sur son dos ne pesait pas bien lourd. Un autre indicateur de son jeune âge, âge que Ciaran ne parvenait d'ailleurs pas à monter à plus de treize ans. S'il avait pu lire dans l'esprit de Yanaë, il se serait rendu compte à quel point il se trompait. Mais ça, ce n'était pas en option de la part d'un incompétent qui ne savait que créer des boucliers pour se protéger d'une menace quelconque. Ça aurait pu lui être utile, si Morgan avait décidé de hurler qu'on l'agressait... Personne ne se serait saisit de lui pour lui apprendre la vie. Un semblant de soupir passa le cap de ses lèvres à cette pensée, et Ciaran redressa la tête, une expression déterminée à présent peinte sur ses traits pâles et fatigués. Il était trop tard pour reculer, et il allait sans dire qu'il ne pouvait pas lâcher son indésirable compagnon pour le jeter dans le fossé à la première occasion. Le menuisier tenta sans succès de se visualiser à quel moment la peste rose allait devoir descendre; Si elle voulait bien descendre tout court, évidemment. Il avait beau lui avoir arraché une promesse, rien ne lui disait qu'elle allait la tenir. Il pencha même plutôt pour la deuxième solution, qui était: Elle va faire des mains et des pieds, s'accrocher à moi en se plaignant de ses pauvres jambes engourdies si je menace de la déposer à terre et la laisser marcher le reste du chemin.
Bref. Rien ne servait de recommencer à fulminer et s'interroger sur la sincérité des autres. Ciaran fit un pas en avant, puis un autre, et se félicita que sa marche soit si aisée. Il s'était attendu à ce qu'elle soit plus pesante et le fatigue, mais ça n'était pas le cas. Comme quoi il fallait savoir positiver de temps en temps, ça enlevait de sacrés poids de nos épaules.
« Eh, tu fais attention, par contre ! Et puis ça ne signifie pas que tu peux te permettre des familiarités avec moi. Même pas en pensées. »
Ciaran manqua de laisser fuser un rire amusé: Il le retint tant bien que mal, mais ses lèvres étaient trop étirées et trahissaient son hilarité. Qu'à cela ne tienne, Morgan ne pouvait pas le voir, et personne dans la rue n'allait lui faire remarquer qu'il avait l'air heureux. Il était amusant, tout de même, cet enfant; Contre son gré certes, mais ça avait le mérite d'être divertissant, quand ses phrases ne prenaient pas une tournure insultante envers la classe sociale dont il faisait parti. Ciaran se prit à espérer qu'il resterait sage le temps qu'ils rejoignent sa modeste demeure aux murs nus et gris. Pas qu'il n'avait pas envie de parler, une petite discussion était toujours agréable. Seulement, Morgan n'allait pas pouvoir s'empêcher d'être désobligeant, et il n'avait que très moyennement envie de devoir serrer les poings pour se contenir. Se répéter que ce n'était qu'un enfant pourri gâté par ses parents, qu'il ne se rendait pas compte de la teneur des mots qu'il alignait. Qu'il fallait le laisser parler, que d'eux deux il était le plus vieux et par conséquent le plus mature et le plus responsable. Comme Ciaran aurait aimé être un concentré de vertus ! Ce n'était toutefois pas le cas, et c'était pour cette raison précisément qu'il espérait que le silence s'installerait bientôt. Son vœu ne fut pas immédiatement exaucé, mais il se berça de douces illusions en se disant que peut-être cette question serait la dernière.
« Dis, tu vis tout seul au moins ? »
La réponse coulait de source; Alors pourquoi diable Ciaran laissa-t-il s'échapper un 'hmmm' pensif ? Il en secoua sa tête de contrariété, s'éclaircit la voix pour se donner une contenance. Il ne manquerait plus qu'ils soient trois ou quatre à occuper les deux pièces de ce qu'il appelait son chez soi. Au début, ça aurait pu être drôle, mais à la longue, ça aurait été usant. Sans compter que ses amis n'étaient pas les spécimens les plus calmes que l'on pouvait trouver sur terre. Autant rassurer Morgan de suite.
« Je vis seul, répondit-il jetant des coups d'œil à droite et à gauche, histoire de bien se repérer pour ne pas se perdre, il n'y a pas assez de place pour deux ou trois. Enfin, au long terme, je veux dire. Ce serait impossible. »
Le jeune homme ne trouva pas utile d'en ajouter plus. Héberger quelqu'un pour une nuit, deux gros maximum, ça pouvait passer. Tant que la deuxième âme qui occupait les lieux n'était que de passage, ça convenait à Ciaran et son espace vital. Ce qui tombait bien; Une fois que les étoiles auraient éclairés le dôme du ciel, il ne serait pas seul chez lui. |
| | | Morgan Yanaë
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Localisation : Au château. Au moins, on n'y croise pas de manants stupides.^^ Emploi/loisirs : Pas grand chose. Je crois que je vais 'accidentellement' casser ce vase. Ca en occupera d'autres.^^- Humeur : Mauvaise. Apporte-moi un verre d'eau, vil chien, et je tépargnerai éventuellement.
Inscrit depuis le : 27/09/2009 Esprit, Noble
| Sujet: Re: Why so cold?[Libre, jusqu'à ce que j'en décide autrement.XD] Mer 26 Sep 2012 - 17:56 | |
| [Un bébé post tout court mais tout mignon, j'ai pas mieux à donner là. Trop crevée.c___c]
Morgan gardait froncés ses jolis sourcils : que n’était-ce pas notoire ! Les manants de la plus basse extraction agissaient en animaux à la sombre intelligence, tout juste suffisante pour assurer leur survie. Ces pauvres sots ne pouvaient se permettre d’être totalement idiots, et quoique les arts élevés comme la musique ou la philosophie fussent tout à fait hors de leur portée, la simple logique, pratique, dictait chaque jour leur conduite. Et la logique voulait qu’ils se regroupent. N’était-ce pas d’une simplicité à en pleurer ? Rien ne semblait plus évident à la petite arrogante. Ni plus évident, ni plus désolant à la vérité en de telles circonstances : nul besoin d’une grande imagination pour se figurer son malheur ! Partager la maison d’un gueux, honorer sa chambrée de son insigne présence, c’était une chose, en côtoyer toute la nichée mal élevée, sale, répugnante, braillarde, c’en était une tout autre –bien pire s’il en était, trop pour elle. L’idée de dormir à la belle étoile, d’aller demander asile dans quelque auberge qu’elle dont elle ne connaitrait ni le nom ni l’enseigne, lui paraissait pourtant toujours digne de ses larmes : se retrouver seule dans le noir, dans des rues qui n’en finissaient plus de tourner, les pieds douloureux, perdue enfin, ou aller s’humilier à demander de l’aide à ces porcs n’avait, elle aurait prié quiconque de la croire et prit les nuages à témoins, rien de plaisant.
Alors, certes, cette interrogation aurait pu sembler accessoire, trivialité insignifiante, mais pas aux yeux aveugles de Yanaë. Il aurait été facile de se moquer de ses inquiétudes pourtant bien réelles, de ses préjugés, et plus encore de cette morgue dont elle n’aurait su se départir, l’eût-elle désiré –ce qu’elle ne faisait évidemment pas. Lancée d’un ton plus glacial qu’elle ne l’aurait voulu, l’insolence persistait dans cette petite voix, quoique dominée par un grand souci. Il était légitime de s’enquérir de ces choses, ne fut-ce que pour se mettre à l’abri d’une triste déconvenue en arrivant. Lorsque Ciaran répondit, la gamine ressentit un vif soulagement. Seul ! C’était parfait. Elle balaya d’un sourire les dernières marques d’inquiétude qui ridaient son front. Une moue réprobatrice n’allait pas tarder à y apparaitre :
« Il n'y a pas assez de place pour deux ou trois. Enfin, au long terme, je veux dire. Ce serait impossible. »
Trop petit pour deux, pour trois ? Eh bien, ils ne devaient pourtant pas être bien gras, avec la nourriture dégoutante qu’ils avalaient matin et soir ! Morgan resserra sa prise autour du cou de son interlocuteur pour ne pas tomber, et posa négligemment le menton sur son épaule, décidément trop fatiguée pour se plaindre –presque du moins. Les dimensions du placard de ce rustre-là ne devaient pas excéder celles d’une penderie, grommela-t-elle intérieurement, bougonne. Pas qu’elle eût attendu autre chose de ces taudis branlants : un petit galetas ni beau, ni coquet, ni confortable mais tout de même vivable. Comment pouvait-on respirer dans une atmosphère aussi confinée ? C’était ridicule ! Un soupir dont on n’aurait su que penser s’échappa roula dans gorge et dévala ses lèvres, avant d’aller se perdre, inutile, dans le vent qui soufflait à ses oreilles. Ne plus avoir à marcher était agréable ; elle tenta de se concentrer là-dessus. Le paysage inchangé qui défilait eût pu suffire à ses yeux capricieux n’eût-il pas été entachés de ces faciès tirés, fatigués, mal dégrossis. Elle fixa donc le sol qu’avalaient les foulées de Ciaran, sans plus protester pour l’heure. Elle espérait pouvoir rapidement le convaincre de ne pas la déposer ailleurs qu’au seuil de la porte, car son œil un peu bouffi d’avoir pleuré lui faisait mal.
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